Vers la fin du tourisme de masse
A mon sens le seul point positif de cette crise, la planète ne voit plus cette quantité incalculable d'avions et de
touristes se déverser dans les sites touristiques mondiaux. Il faudra quand même repenser
quelque chose d'un peu moins médiocre que ce tourisme de masse ou des
touristes viennent en groupe acheter des sacs fabriqués chez eux
dans des boutiques parisiennes. J'exagère à peine quand je dis cela. Certaines grandes
villes sont devenues des "Disneyland" sans la moindre authenticité. Les touristes viennent plus consommer des produits manufacturés, moins taxés que chez eux, que voir une ville, ses habitants ou ses coutumes. Il n'y
a que des touristes, et les locaux ne peuvent même pas se loger dans
ces endroits, signe que tout ce commerce est devenu un grand n'importe
quoi auquel cette épidémie va probablement porter un coup dur. Moins de
touristes serait un mieux, même s'il faudra reconvertir beaucoup de
monde à terme, ou bien améliorer la qualité du service dans l’hôtellerie et les restaurants, c'est à dire employer plus de gens pour moins de clients en montant en gamme. Pas facile à entendre comme discours mais voir la
quantité d'avions et de touristes croitre de manière aussi forte a des
impacts majeurs sur la planète et même simplement pour les sites
visités : dégradations, pollution, bruit, etc.
Le tourisme est assez vite devenu une extension du consumérisme de masse via des
prix extrêmement bas des vols, soutenus par un carburant non taxé et globalement bon marché. Airbnb a ajouté la possibilité de louer à
moindre prix, ce qui augmente le flux de touristes, tout en créant parfois une spéculation qui impacte les habitants du pays dans leur quotidien. Tout ceci génère
une consommation de carburant énorme et une pollution
importante, sans même parler de bilan carbone de ces voyages, absolument
désastreux. Mais le carbone n'est pas le fond du problème. Le problème
principal est d'avoir fait du voyage une consommation comme une autre,
ou finalement le weekend de 3 jours est réitéré plusieurs fois dans l'année pour ceux qui ont les moyens, avec un aller-retour en avion plutôt qu'un déplacement en train sur la côte. Effectivement ce modèle-là n'est
pas écologique du tout. Il faudrait orienter le tourisme vers autre
chose que cette consommation de voyages car l'authenticité n'y est plus
vraiment. Évidemment tenir un tel discours à des personnes qui voyagent peu du fait de revenus modestes n'a aucun sens, et il faut évidemment continuer à voyager, mais probablement autrement. Diminuer la quantité des déplacements et améliorer la qualité de l'expérience.
Il est probable qu'avec la crise qui se profile le voyage deviendra un luxe. Une fois certaines compagnies aériennes au tapis, une fois les contraintes sanitaires appliquées dans les avions et le carburant taxé, il est très probable que les prix des vols seront très supérieurs aux prix actuels. Faire de l'avion un moyen de transport comme un autre était déjà une erreur de stratégie car l'accroissement du trafic rendra vite tout ceci invivable d'un point de vue écologique, alors que ce sont souvent des besoins de confort. Si la voiture est parfois une nécessité pour les gens qui n'ont pas toujours d'autre choix, l'avion ne l'est que plus rarement. La fin de "l'avion gratuit" entraînera la fin du tourisme de masse, ce qui au final sera une bonne chose pour l'environnement, mais aussi pour l'authenticité des lieux que l'on pourra encore visiter, moins souvent.