Mauvais temps
Anthropocène, numérisation du
monde. Mauvais temps, donc, en ce début de l’année 2020. Dans l’ancien
testament, YHWH sépare les hommes suite à leurs forfaits. Il n’est pas précisé
qu’il ne punit que les hommes, mais aussi ceux qui sont tombés, qui se sont
mélangés aux hommes. Les anges déchus, qui sévissent parmi les hommes et les
corrompent, entrainent alors le déluge. Il est difficile de raccorder les
croyances juives aux croyances asiatiques ou nordiques ou encore indiennes. Il
est présenté comme dieu unique alors que les polythéismes intègrent une
pluralité, Elohim (pluriel). Il y a encore débat sur ce sujet.
Difficile d’avoir un avis
définitif sur ces textes, textes juifs issus des textes sumériens relatant
l’épopée de Gilgamesh et le déluge. Dans les textes sumériens il est question
de plusieurs dieux, comme dans de nombreux autres polythéismes.
Que la figure de dieu soit
plurielle ou non ne change pas fondamentalement les histoires racontées dans
ces textes. La quête de puissance perpétuelle, la construction de tours
toujours plus hautes, en vue de se rapprocher du ciel, ont toujours conduit à
la catastrophe, vue alors comme une punition divine. La construction
d’ensembles toujours plus grands, organisations supranationales ou tout le
monde parle la même langue, ou le mythe de la tour de Babel.
Tout ceci évidemment colle
assez bien avec l’actualité : les hommes dépossédés de leurs droits
doivent rendre compte à des instances toujours plus lointaines, toujours plus
déconnectées de leur quotidien. Sur le papier le projet semble intéressant,
mais quand on creuse on s’interroge sur les conséquences en terme de liberté,
de droits individuels, d’éducation, de santé. Vouloir toujours plus grand est
le piège classique. Les rêves de grandeur conduisent au déclin des
civilisations, non à leur épanouissement.
Les céramiques de la période
d’Edo sont supérieures à celles du 20ème siècle (même si on produit
toujours de belles céramiques), après l’ouverture des frontières et les
commandes passées par les européens. La qualité des céramiques a baissé. Le
sublime Japon est devenu conquérant plus tard, et a perdu par la même occasion
de sa superbe. Ce ne sont pas les mêmes représentations des dieux au Japon,
mais les esprits de la nature y sont maîtres, animaux, dieux, démons,
sorcières, dragons, esprits. On rêve, on tisse, on cuisine, on confectionne des
vêtements superbes et des céramiques, sur un modèle spécifique.
Évidemment il en a été de même en
Europe, en Afrique, en Amérique du sud et partout ailleurs, mais ce sont des
époques lointaines maintenant. La technologie, la science et l’économisme ont
orienté la production vers le rendement, l’accomplissement du chiffre plutôt
que l’accomplissement des arts. Projet regrettable qui conduit les civilisations
à leur déclin.