Quais de Seine



Flâner à Paris, un privilège pour les habitants de l’île de France, ou du moins pour ceux qui ne vivent pas trop loin. Le tourisme de masse tend à faire oublier que Paris a été une ville vivante et populaire. Les bus à proximité de la place de l’Opéra montrent à quel point le tourisme est envahissant, et pourtant, sans ce tourisme la ville serait un peu morte aujourd’hui : les restaurants, bars, cafés, musées ne pourraient pas faire autant de chiffre avec la seule clientèle locale ou d’affaires. C’est une industrie qui s’est développée, autour du Louvre et des grands axes marchands. Evidemment l’accueil des touristes est une fierté pour nous, compte tenu du fait que les touristes sont ravis de découvrir l’architecture parisienne bien alignée comme il se doit. Pourtant, c’est gênant quand des quartiers entiers ne vivent que pour le tourisme car il n’y a plus en fait que des vestiges, des ersatz de vie parisienne.

Les quartiers, les architectures, sont figées dans les siècles passés, et si les touristes devaient visiter un lieu typique de la modernité, ils iraient à la Défense, qui génère une partie non négligeable de la richesse française. Evidemment cette architecture postmoderne est relativement uniformisée par rapport à ce que l’on trouve dans d’autres villes, mais ce n’est pas en soi totalement désintéressant : un véritable labyrinthe pour ceux qui connaissent un peu.

Je ne sais pas si les candidats à la mairie de Paris pensent à ces aspects du futur de la ville, tant il est difficile d’imaginer à l’avenir Paris comme un "Airbnb" géant, avec des investissements à destination du marché et des touristes, qui relèguent progressivement les habitants, ceux qui travaillent au centre ou en périphérie, en lointaine banlieue tant les loyers sont chers.

Cette vision de la ville, comme réserve prestigieuse d’un lointain passé brillant mais révolu, est une vision dramatique pour une ville comme paris, sclérosée comme l’est toute ville d’investisseurs ou d’héritiers. L’héritage de siècles d’art et d’histoire, de la Sainte chapelle à Notre Dame, ne suffisent pas. Ville chrétienne et temples païens effacés des mémoires, Par-Isis ne devrait pas rester figée, mais elle devrait transformer, raser, revoir les architectures, afin d’entrer dans la nouveauté.

Comme je l’avais mentionné dans une précédente note, l’architecture alignée, et donc figée, empêche de penser la nouveauté. La trop grande linéarité nous transporte dans un "Disneyland" ou la visite guidée se fait suivant des routes toutes tracées, bien alignées, qui convergent au centre de la pyramide en passant par les arches. C’est bien joli, mais effectivement cela ressemble à cet homme de Vitruve qui est de passage à Paris : à un humain fiché dans un carré et un cercle, vision de la renaissance un peu étrange. Si l’homme est au centre, pourquoi doit-il s’inscrire dans cette géométrie si réductrice ? Pourquoi d’ailleurs l’homme serait-il au centre, finalement ?

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