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A.Gorz :

"[...]Le désir d'abolir la nature a toujours été un projet du capital, a toujours été un projet de la science, et je trouve avec émerveillement que le projet de la science et du capital est exactement celui que décrivait Sartre sous le nom de "valeur", à savoir que l'homme est son propre fondement, qu'il s'engendre lui même et engendre la nature. Il n'y a plus rien qui soit donné, tout est engendré par lui, par la science, l'intelligence et le capital."

Ces quelques propos sont à mettre en relation avec cette confrontation entre le modèle de l'homme, le capitalisme, et l'effondrement écologique. Il n'y a pas de surprise quand les scientifiques imaginent déjà des pollinisateurs artificiels afin de répondre à l'effondrement des populations d'abeilles et autres insectes...toute la question est de savoir si l'affirmation selon laquelle l'homme est son propre fondement et qu'il engendre la nature est acceptable ou non. Évidemment, je ne pense pas que cela soit acceptable, car une nature qui deviendrait intégralement produite deviendrait également entièrement privatisée, privative, brevetée, payante. D'autre part, l'homme ne peut pas s'arroger le droit de décider seul de l'évolution de la nature : il doit aussi accepter qu'il fait partie des rouages, mais qu'il n'est en aucun cas le centre du dispositif de la nature. La nature nous a été donnée telle qu'elle, mais n'est pas un produit transformable sorti d'une chaîne de production. Elle est vivante, au même titre que les hommes qui profitent de cette nature.

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