La perfection en architecture


La page qui s’est ouverte avec la renaissance a donné lieu à toujours plus de précision, de détail mathématique, jusque dans les ouvrages. Le moyen Age était un temps ou la symbolique comptait autant que le reste, mais la perfection des formes, des sculptures des visages  et des dessins sur les tapisseries ne semblait pas toujours requise. Certains pensent à tort qu’il s’agissait d’un manque de savoir-faire de la part des artisans. La question pourrait-être : sommes-nous autorisés à produire la perfection ?

Les tapis sont un exemple d’art ou l’on observe une grande diversité dans l’appréciation de ce que l’on pourrait nommer la perfection. Les tapis persans sont d’une incroyable finesse et témoignent à la fois de l’habileté et de l’inspiration divine que contiennent ces ouvrages. Les tapis berbères sont travaillés dans des matériaux plus bruts, avec une plus grande part d’improvisation, mais cette irrégularité dans le motif  apporte quelque chose d’autre, ainsi que le patchwork de couleurs. Le tapis est à l’image de la région du monde, et à l’image de la pensée des gens qui l’ont conçu. Deux visions du monde différentes. Il en va de même pour l’architecture des bâtiments.

De Paris à Washington, les motifs d’architecture sont les mêmes, et il n’y a point-là d’improvisation ou si peu. Cette trop grande régularité dans le dessin, dans les alignements, témoigne d’une vision du monde assez figée. La place à la nouveauté n’est pas vraiment permise tant le schéma semble régulier. Cette architecture, aussi aboutie soit-elle d’un point de vue technique, jusque dans les constructions dites postmodernes, n’est pas à l’image de la nature. L’absence de couleurs, de motifs irréguliers, est assez caractéristique de cet art occidental, et diffère de ce que l’on peut trouver, ou que l’on pouvait trouver en Asie ou en Amérique du sud par exemple. La construction des murs est assez symptomatique du mode de pensée. Si le Machu Picchu est façonné avec des pierres à la fois brutes et taillées par la main de l’homme, c’est aussi pour montrer qu’il existe un équilibre entre ce qui est donné par la nature et ce que l’homme est autorisé à produire. L’homme n’est pas autorisé, dans cette conception-là, à tout produire.

On constatera que l’architecture occidentale produit des murs parfaitement réguliers, agencement d’éléments unitaires identiques. Le mur est conçu comme l’intégration d’éléments de même taille agencés selon un plan d’ensemble. Il n’est pas l’assemblage d’éléments disparates. L’acceptation de l’irrégularité est quelque chose qui semble avoir été oublié dans l’architecture occidentale, ou l’on préfère tout planifier linéairement. C’est la grande faiblesse de cette vision occidentale, bien avant toutes ses répercutions en matière de mode de vie, de politique économique, monétaire, ect.

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