Chroniques de l'homme moderne



Une soirée d’été, Monsieur Dupont met sa parka et monte à bord de sa 4008 flambant neuve. Il passe rapidement au labo photo : les tirages ne sont pas exactement au niveau de ce qu’il attendait. La frontière entre un travail d’amateur et un travail de professionnel est parfois ténue dans le secteur de l’image. On reconnait là un travail propre où le professionnel n’a toutefois pas trop pris le temps de regarder le sujet afin de corriger l’exposition du négatif. C’est un peu sombre, ou dense comme diraient d’autres, mais c’est aussi une question de goût. Un résultat en demi-teinte qui contraste peu avec les tirages d’un labo pas trop cher. Concernant ce dernier labo, les récents tirages jet d’encre étaient très corrects, avec un rendu des couleurs satisfaisant. Les réglages de la machine étaient les bons, mais toujours trop dense, encore. Heureusement, l’exposition avait été corrigée sur le fichier avant tirage. Une fois un tirage derrière une vitre, il perd en luminosité. C’est aussi un peu la mode, ces photos sombres. Ça rend bien dans un magazine, mais derrière une vitre, ça ne va pas trop.

L’œil rivé sur l’horloge, il quitte le périphérique saturé et arrive à la maison. Beaucoup de travaux, on se demande bien pourquoi. Le courrier n’est jamais à l’heure ses derniers temps. Il aura trouvé des disques aux Halles, après avoir tenté en vain de faire fonctionner une de ces bornes de streaming à la noix, qui démarre une fois sur deux, et qui nous fait regretter la technologie d’avant. Il aura choisi les 2 disques presque au hasard, comme souvent, ce qui est la garantie de faire une découverte. Le critère de choix est purement esthétique : c’est l’image de la pochette qui fait foi. Si l’artiste a vraiment bon goût, il choisira une pochette en cohérence avec la musique. Souvent, ça fonctionne. Pas toujours, il faut l’admettre aussi.

Reste que l’homme moderne préfère maintenant les vinyles, format qui nécessite une rigueur dans la manipulation, le rangement, le nettoyage. Presque anachronique, mais non sans charme – mise en avant de l’artwork. Pourtant, le CD est le bon compromis qualité/durabilité/rangement, et les mêmes auditoriums qui vous riaient au nez quand vous parliez de vinyle il y a 20 ans vous expliquent aujourd’hui que c’est nettement mieux. It’s business as usual.

Le pire à mon sens est le format numérique seul : vous ne pouvez plus vraiment choisir la musique après avoir été inspiré par l’image recto-verso de la pochette sur le support physique vendu chez votre disquaire.

Là où va le sens du vent : une modernité rétrograde. Disparition progressive de l’objet dans un flux de données, perte du monde sensible.

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