L’automobile à l’heure du darwinisme
Faire de la marge, monter en
gamme.
Des mots d’ordre cohérents face à
la concurrence asiatique afin que l’industrie européenne tienne tête. Pourtant,
cette politique aujourd’hui gagnante risque de s’avérer perdante dans un
contexte de retournement du marché lié à une crise économique, mais aussi dans
un contexte de contraintes écologiques croissantes.
Face à la concurrence asiatique,
seule une identité de marque forte et des produits à des prix acceptables
pourraient faire face si le pouvoir d’achat venait à nouveau à chuter. A cela
on pourrait imaginer une politique protectionniste pensée intelligemment afin
de sauver l’industrie européenne (concurrencer le dogme libéral n’est pas à la
mode, mais perdre complètement son socle industriel doit interroger les
dirigeants).
Les gros SUV à plus de 30000
euros semblent dans ce contexte mal placés.
Le virage de l’électrification
doit répondre à des contraintes réglementaires doubles : la nécessité de
baisser les émissions CO2, mais aussi les réglementations des villes de plus en
plus contraignantes (interdiction de certains véhicules). A ce titre, on
constate que des véhicules qui ont pollués pendant des décennies et qui ne
posaient aucun problème aux autorités deviennent aujourd’hui interdits alors
même que leur nombre tend naturellement à diminuer avec les nouvelles normes de
moteurs thermiques. La voiture se doit d’être totalement propre, localement
surtout, car il ne faut surtout pas regarder ou est produite l’électricité ni
même les batteries de ces nouvelles voitures électriques. L’installation de
bornes et la production d’énergie associée a elle aussi son coût financier et
énergétique, sans parler du prix du véhicule lui-même, subventionné par l’état
(nous).
Aujourd’hui, aucune hybridation n’est
vraiment rentable économiquement pour les clients aux tarifs des carburants
actuels, et encore moins l’électrique. De plus, toute la politique est axée sur
la motorisation plutôt que sur des véhicules moins consommateurs. Les gros SUV
ne sont pas la solution économe de l’avenir. Le volume des véhicules a augmenté
ces dernières décennies, apportant plus de confort. Les normes de choc, les
attentes en termes d’acoustique ont augmenté la masse des véhicules, ce qui a
rendu les gains sur les moteurs moins perceptibles qu’ils auraient pu l’être si
nous étions restés à iso masse et à iso silhouette.
Dans un tel contexte, maintenir à
la fois les prestations (confort, habitabilité, crash, vitesse, services à bord)
tout en ajoutant des briques technologiques pour faire face aux normes risque
de rendre les véhicules beaucoup trop couteux dans un contexte de crise
économique.
Le modèle de leasing qui évite
aux gens d’acheter le véhicule est déjà en lui-même un modèle qui se base sur
le prix à la revente du véhicule en occasion. La montée en gamme et des prix
des véhicules s’est faite aussi grâce à ce modèle, ainsi qu’à des taux de
financement gratuits.
En proposant des modèles toujours
plus chers et aussi avec des prestations meilleures que dans le passé, les
constructeurs s’écartent de leur métier : proposer de la mobilité à un
prix accessible. L’essentiel est de pouvoir se déplacer, le reste est superflu.
Le marqueur social de la voiture est en train de disparaître progressivement. Vouloir
penser la voiture comme un marqueur social ou un objet de luxe a répondu au
besoin à une certaine époque, mais les temps qui viennent marqueront peut-être
un retour à la base : la fonction du véhicule. Le tout électrique nous
coupe de solutions simples : petits moteurs essence et à gaz avec
masse de véhicule réduite via des composites par exemple, permettant de réduire
autant le CO2 que certaines hybridations, silhouettes adaptées pour réduire la
consommation. Vouloir faire la voiture parfaite qui ne pollue pas en
investissant beaucoup n’est pas plus intelligent que de conserver des voitures
qui polluent un peu mais en bien moins grand nombre, en pensant la ville avec
moins de voiture, plus de télétravail, des voitures partagées, plus de
transport en commun et moins de déplacements inutiles.
La voiture ne doit pas devenir un luxe au point d’exclure tout une partie de la population de la possibilité de se déplacer. Il ne faut pas oublier qu’en banlieue, la voiture est essentielle et les revenus sont plus bas qu’au centre. En province la voiture est nécessaire (à moins de repenser complétement le travail et la production). On ne doit pas penser la voiture (électrique) pour quelques privilégiés de l’hyper-centre, en empêchant les autres de se déplacer. Leur proposer des transports en commun de qualité (train électrique, bus à gaz) doit être une alternative à la voiture individuelle permettant de diminuer le parc et rendre l’agglomération urbaine plus vivable.
La voiture ne doit pas devenir un luxe au point d’exclure tout une partie de la population de la possibilité de se déplacer. Il ne faut pas oublier qu’en banlieue, la voiture est essentielle et les revenus sont plus bas qu’au centre. En province la voiture est nécessaire (à moins de repenser complétement le travail et la production). On ne doit pas penser la voiture (électrique) pour quelques privilégiés de l’hyper-centre, en empêchant les autres de se déplacer. Leur proposer des transports en commun de qualité (train électrique, bus à gaz) doit être une alternative à la voiture individuelle permettant de diminuer le parc et rendre l’agglomération urbaine plus vivable.