Télétravailleurs – Autoentrepreneurs


La fin du salariat avec les bureaux d’entreprise, le retour à une forme d’exploitation à distance est ce qui guette de nombreux salariés. Évidemment le télétravail a aussi ses avantages et parler d’exploitation est parfois abusif, mais la distance, l’absence de contact direct entre les salariés affaiblit les liens et aussi toute tentative de discussion entre salariés sur des sujets qui concernent l’entreprise. Cette évolution prévisible des modes de travail est un déclin du statut du salarié qui devient un travailleur détaché pour le compte d’une société X ou Y, et pour lequel il ne croisera que rarement ses supérieurs hiérarchiques. Les économies de bureau c’est une chose, mais l’appartenance à une entreprise a longtemps été une des clefs de la réussite de l’entreprise. Aujourd’hui l’uberisation croissante des salariés ne va pas dans ce sens. D’ailleurs, on ne sait pas ce que donnera cette politique sur le long terme pour les entreprises elles-mêmes. Il s’agit à court terme de réduire les frais de structure, de payer moins de locaux et cantines. Sur le papier, l’entreprise est gagnante. Sur le moyen ou long terme c’est nettement moins sûr. On peut difficilement engager des discussions structurantes pour l’entreprise par skype. Le contact humain, le projet de l’entreprise ne peuvent pas être réduit sur le long terme à ces échanges humains à minima. Le rôle social de l’entreprise se voit aussi réduit au strict minimum, et on pourra difficilement dire que l’on est salarié de telle ou telle entreprise si on passe son temps à la maison sans contact avec ses collègues, que d’ailleurs on ne connaîtra plus vraiment au bout de quelques années. Ce projet suppose un détachement progressif du salarié de son entreprise, en fait. Il n’y a pas lieu de voir le travail comme un investissement réel pour l’entreprise puisque cette entreprise devient quelque peu virtuelle, mais simplement comme un gagne-pain rémunéré, c’est-à-dire l’application stricte d’un contrat. Le contact avec l’entreprise devient le même qu’avec votre opérateur téléphonique, ou encore votre banque en ligne. Tout à distance, rien de bien agréable en soit. L’expérience humaine réduite au strict minimum vital pour la communication. Les outils pauvres de communication transformeront lentement mais sûrement le monde en un monde pauvre en communication et pauvre en expériences humaines.

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