Le retour de l'état et la fin du libéralisme

Lorsque Poutine annonçait que le libéralisme était le passé, il était raillé par les démocrates bruxellois, macron et bien d'autres, qui se mettaient en avant comme défenseurs des libertés individuelles et de la libre entreprise. Une crise sanitaire aura suffi pour faire tomber les masques, les masques faux du libéralisme qui n'en était pas un, libéralisme qui n'était qu'une façade d'un système étatique-capitaliste depuis longtemps, mais qui alternait successivement entre libéral et étatique au gré des saisons économiques. Le spectacle de la crise permanente, autrefois uniquement économique, devient alors un spectacle de la crise sanitaire, crise suivie en permanence par les médias qui en rajoutent comme toujours, donnant le sentiment d'une fin du monde permanente, ou l'état plus que tout serait le garant de l'ordre dans la catastrophe ambiante.

La place nouvelle de l'état dans le dispositif capitaliste, qui est toujours la même pendant les phases d'effondrement de la croissance, est celle d'un état qui dicte au citoyen sa conduite, sa vie, ses économies et ses investissements futurs. La liberté acquise après guerre semble bien lointaine quand on observe l'état actuel de la démocratie. Jamais des experts n'ont occupé un tel rôle ni un tel poids dans les décisions politiques. Les voies alternatives, à gauche en particulier, n'ont comme obsession que le retour de l'état des grands projets, la planification du nouvel âge du capitalisme vert. Mais le capitalisme ne peut pas être vert ! le capitalisme comme projet d'accumulation ne peut pas être écologique, sinon il ne serait pas système d'accumulation et donc pas capitaliste. Il s'agirait d'un système marchand comme ceux qui ont précédé la bourgeoisie, système D parfois, système de survie ailleurs, système autre que celui qui consisterait à faire de l'argent une finalité. Il ne s'agirait ni d'anarchie, ni d'une pensée spécialement de gauche, mais simplement un système marchand sans grande prétention, qui serait là afin d'assurer l'échange des biens et services, sans tout le support idéologique associé à l'accumulation et au pouvoir qui en découle. Ce type de projet passe aujourd'hui pour caduque à l'heure de l'interconnexion et des réseaux ou chaque acteur ou plutôt sujet économique se voit l'obligation d'un suivi, d'un traçage progressif et d'une intégration totale dans l'édifice socio-économique capitaliste. Les livres de Sadin sur le numérique et la vie administrée par les algorithmes prennent tout leur sens dans la crise actuelle. Ce qui était une éventualité deviendra bientôt une obligation, et la phase dite libérale du capitalisme prendra fin dans l'indifférence générale.

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