Ordre et Chaos
Combattre Apophis
Technologie, progrès,
intelligence artificielle, obsolescence de l’homme. Ce sont les thèmes dont on
explique aux citoyens qu’ils sont les thèmes de demain, car la machine saurait
là ou l’homme est faillible, imparfait par nature. Il faudrait donc mécaniser,
automatiser, systématiser le traitement des gigantesques quantités de données
afin de pouvoir mettre en place une sorte de meilleur des mondes numérique.
Aucune limites dans cette démarche,
qu’il s’agisse de génétique, de procréation, ou de traitement automatisé des
données personnelles dans les domaines de police ou d’économie, de gestion
énergétique dans la « ville intelligente ». On doit pouvoir tout
analyser, tout produire à la demande, pour le bien évidemment, car c’est le
progrès.
Toutefois, il semble que quelques
citoyens s’interrogent sur le bienfait de cette société qui doit inévitablement s'imposer d’après les experts, comme si les rêves des
protagonistes étaient faits d’animaux mécaniques plutôt que de vastes étendues
verdoyantes et dénuées de toutes ces productions humaines.
Dans l’ancien temps d’Égypte, il
y avait plusieurs dieux et ils se faisaient la guerre, ce qui causait dans
certains cas leur éloignement, leur jugement par les autres dieux. Ce fut le
cas de Seth, qui fut presque effacé des tablettes, tant il avait été mauvais.
Il était parfois mauvais, mais apportait une forme de contrepartie à d’autres
dieux, un peu comme si la nature des choses et du monde était faite de bien et
de mal. Mais l’important n’était pas là : Seth gardait la barque de Rê, le
dieu soleil, contre le dieu du chaos Apophis, qui lui souhaitait la destruction
de la création divine.
Le parallèle avec la situation
actuelle semble étonnant, mais on s’interroge quand même sur le fait que le
développement exponentiel d’une pensée machinale, binaire, et qui tend à
accompagner le thème du progrès, des machines, se fait parallèlement à une destruction
symétrique à grand échelle des écosystèmes, animaux et végétaux, qui ont
toujours été considérés par les civilisations précédentes comme des créations
des dieux. Il n’y a pas de stabilité aujourd’hui, un peu comme si le progrès
proposé était destructeur des équilibres naturels, comme si la barque de Ré
était en train de sombrer dans l’indifférence générale.
Face à cette situation, on
observe l’impuissance des institutions à la fois politiques et religieuses, qui
pensent le progrès nécessaire, mais sans remettre en cause les modes de
développement destructeurs. Le thème du réchauffement climatique est un leurre
tant la situation écologique semble irréversible : Il faudrait repenser
l’idée même de progrès pour éviter de détruire les derniers équilibres naturels,
qui sont les ressources premières nécessaires à la vie. Personne à ce jour ne
peut le faire, par peur des conséquences économiques. C’est là l’idiotie de
l’économie basée sur la dette, qui nous oblige à ne pas nous arrêter pour
réfléchir à d’autres modes de production, car s’arrêter pour réfléchir serait
déjà un choc insupportable pour l’ensemble du château de cartes économique.
Plus le progrès est établit, plus l’interconnexion et la fragilité de l’édifice
politique et économique mondial semblent criantes et irréversibles.