Taux de retour énergétique et crise mondiale

La montée en puissance du pétrole de schiste à probablement retardé la reprise du marché haussier du pétrole. Toutefois, on assiste à plusieurs autres phénomènes simultanés : la fin possible du commerce du pétrole Iranien sous la pression des États-Unis, et le pic pétrolier Chinois. La crise de l'énergie, qui est la baisse des réserves ainsi que du taux de retour énergétique, serait sur le point d'avoir des impacts concrets d'après certaines sources :


Si l'on regarde simplement l'article Wikipédia consacré au taux de retour énergétique, on constate qu'ils évoquent la théorie selon laquelle la baisse significative du taux de retour énergétique conduirait à l'effondrement des sociétés complexes.

Cela signifie donc qu'il faudrait aller vers une décroissance maîtrisée et pensée dans une perspective de long terme pendant que les prix sont encore bas. Il s'agirait d'une baisse non seulement de la consommation énergétique au sens large qui se traduirait par des moyens de transports adaptés à une diminution de la consommation, à une réduction de l'impact de la consommation résidentielle, mais cela signifierai aussi produire moins des biens de consommation, produire mieux et pour une plus grande longévité. Ce serait en quelque sorte une mutation du modèle marchand, mutation dont on s'interroge sur le maintien possible d'un système dit "capitaliste libéral" (si tant est qu'il le soit vraiment aujourd'hui) s'il s'agissait de gérer une telle crise systémique ou même de travailler à son anticipation de manière efficace.

Dans ce cadre une hausse des taxes sur les carburants et le transfert de la question du pétrole vers d'autres sources d'énergie ne suffit évidemment pas à faire muter l'économie et à l'adapter au choc : il faut penser la transition autrement qu'avec des taxes et proposer des réponses concrètes. A mon avis, le gros du travail est l'organisation des métropoles, trop dépendantes des moyens de transport. La trop grande spécialisation/segmentation de l'espace urbain conduit à avoir le travail d'un côté, les logements de l'autre, la production de biens de base à d'autres endroits, le tout relié par des routes, ce qui signifie donc une dépendance totale aux transports, pour l'acheminement des biens et pour le travail (trajets quotidiens).

Cette organisation n'est pas assez résiliente pour faire face à une crise de l'énergie. Recréer une autonomie relative des agglomérations en relocalisant une partie de la production de nourriture et de biens de première nécessité pourrait permettre de faire face à une crise de l'énergie. Les autres biens de consommation (électro-ménager, meubles, électronique, moyens de transport) sont moins importants; leur production peut rester excentrée car le taux de renouvellement du matériel est plus lent et moins critique en cas de rupture d'acheminement. En cas de crise de l'énergie, la maîtrise du coût de chauffage/électricité et de la nourriture va être le principal point qui peut faire basculer la situation d'un point de vue politique. Le retour de moyens de transport comme de petites voitures ou même des vélos, vélos cargo serait un moyen d'économiser l'énergie et aussi de rendre l'espace urbain plus vivable. Penser en quartiers/villes plutôt qu'en agglomérations avec centre villes et banlieues serait un point de départ à une réflexion. Investir dans la modernisation des villes en les pensant pour cet objectif de soutenabilité à des chocs énergétiques est plus intelligent que d'imaginer une ville qui se dit intelligente et connectée sans pour autant voir sa base physique évoluer. La société intégralement livrée par camions et drones sans magasins physiques est une option, mais elle ne relocalise pas la production et est trop dépendante de la chaine logistique. Si le coût du transport doit augmenter, c'est tout le coût de la production agricole qui augmente, ainsi que le coût d'acheminement et donc du prix des produits avec aussi un risque de rupture d'approvisionnement en cas de pénurie d'énergie. La production locale ainsi que le fait de penser la ville de manière à réduire les déplacements quotidiens permettent de limiter une partie de l'impact de la crise énergétique.

A court terme, cette crise est masquée par le fait que le prix actuel du pétrole et des matières premières sur le marché est faible. La récession de 2008 a montré à quel point le pétrole était volatile et pouvait au final chuter brutalement en cas de baisse de la consommation mondiale mais aussi en fonction des anticipations de cette consommation, sans parler des phénomènes spéculatifs et monétaires. De mon point de vue la baisse de la croissance mondiale va dans le sens d'une diminution de la dynamique haussière sur le pétrole, mais compte tenu des chiffres manipulés dans l'article plus haut, on s'interroge sur le moment à partir duquel cette baisse du taux de retour énergétique va se concrétiser par une crise économique, par une hausse des coûts de revient pour les sociétés exploitantes, qui pourrait se répercuter au final sur le prix, ou si ce n'est pas le cas mettre ces sociétés en difficulté si les cours venaient à stagner alors que les coûts d'exploitation augmentent. N'étant pas spécialiste, je reporte le paragraphe de l'article plus haut :

"Cela ne signifie pas que nous sommes « à court » de combustibles fossiles — mais cela signifie qu’à mesure que la qualité des ressources de ces combustibles diminue, nous augmentons les coûts qui pèsent sur notre environnement et nos systèmes de production, qui tous deux ont une incidence croissante sur la vitalité de l’économie mondiale."

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