Mouvements de révolte et retour du politique

Le mouvement des gilets jaunes naît d'un ras le bol de l'impôt, impôt payé toujours par les mêmes. Le libéralisme fait payer les classes moyennes pour leur propre disparition programmée, et comme souvent ce sont les classes moyennes qui donnent le ton de la révolte. Brexit, Trump, mouvement gilets jaunes : de nombreux points communs dans ces mouvements ou réactions politiques, dont en particulier un sentiment de déclassement face à un système qui ne bénéficie qu'à une minorité de privilégiés.

Ces mouvements, s'ils se poursuivent, peuvent remettre en question le modèle dit libéral s'ils venaient à s'étendre au reste de l'Europe. La possibilité de voir les revenus du travail croitre plus vite que ceux du capital, même si elle reste hypothétique en plein chômage de masse, devrait être le cœur de la préoccupation de ces mouvements. En effet, depuis plusieurs décennies, le modèle de Thatcher-Reagan a conduit à cette supériorité de l'actionnariat sur le travail, mais on commence à voir le modèle se fissurer à force de crises économiques et financières qui en s'ajoutant provoquent l'explosion sociale. La baisse de la demande de part ses conséquences force l'état à prendre le relais via l'accroissement spectaculaire des dettes publiques lors de la crise de 2008-2009, et en même temps l'état fait des coupes dans certains budgets et augmente les impôts de manière à assurer le financement de ces relances, rigueur budgétaire qui provoque alors la révolte, sur fond de respect des critères Européens.

En réalité l'état doit rétablir l'égalité devant l'impôt : l'actionnaire, le patron ne doivent pas avoir de passe droit via des montages financiers et doivent aussi contribuer aux services publics. On ne sait pas ou vont les milliards de dividendes concrètement, mais on sait que les impôts des classes moyennes ne cessent d'augmenter même lorsque ces dividendes augmentent de manière significative, ce qui naturellement interroge les classes moyennes jusqu'à l'explosion lorsque celles-ci se sentent trahies par des technocrates qui disent vouloir gérer l'état comme une entreprise.

La chute du patron de Renault, patron qui vit dans plusieurs centaines de mètres carrés à Paris alors que ses ouvriers et même ses cadres vivent dans des appartements parfois modestes, n'est que l’illustration des excès du système, excès qui cesseront progressivement d'être acceptés par la population. La révolte sociale annonce un retour en force du politique au détriment de l'économique. La raison économique, la maximisation du rendement du capital, ne suffisent pas à faire société, et un pays très politisé comme la France est en toute logique le premier à marquer de manière aussi violente son mécontentement vis à vis de l'austérité en Europe, mais avant tout vis à vis des inégalités croissantes.

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