Des propos contradictoires ?

Pourquoi parler de consolidation du marché obligataire Américain alors même que l'on observe un krach obligataire en Turquie et peut-être bientôt en Italie ?

L'hypothèse initiale est que la fuite en avant budgétaire Américaine ainsi que la hausse de l'inflation doivent mener à terme à une hausse des taux d'intérêts à long terme aux États-Unis, cela en cohérence avec la réduction du bilan de la FED et la hausse des taux courts. Pour autant, la question qui se pose est celle de la dynamique de la FED par rapport aux autres banques centrales. La BCE et la BOJ n'ont pas infléchi leur politique à la différence de la FED, ce qui pousse le $ à la hausse. La réduction des liquidités conduit à une fuite des capitaux des pays émergents vers la zone $, et la guerre commerciale de Trump amplifie très nettement ce phénomène.

Pour ce qui concerne la zone Euro, la politique de la BCE aura été un échec partiel, partiel car l'Euro n'a pas explosé, mais on s'interroge sur le peu d'efficacité de la politique mise en œuvre sur la croissance et les déséquilibres internes, puisque la crise obligataire est en train de reprendre en Italie. La crise Turque et la contagion aux banques Européennes n'aidera pas à améliorer la confiance dans l'Euro-système. En conséquence il existe un réel risque d'Euro-crash, c'est à dire une perte de confiance des investisseurs dans la capacité de l'Europe à régler ses contradictions internes. La fuite de capitaux qui résulterait d'une telle crise serait dramatique.

Une telle crise, si elle se déclenche, engendrera de profonds changements et une aversion au risque qui peut s’étaler sur plusieurs années, voire une décennie. Des décisions politiques importantes doivent être prises pour éviter un éclatement de l'Euro. Puisque cela n'est pas fait, on peut s'attendre à un scénario de fuite de capitaux soit entre pays de la zone Euro comme c'est le cas aujourd'hui (voir le vase communiquant entre les bons d'état Italiens et Allemands), soit vers la zone $. Une crise obligataire d'un grand pays peut aussi provoquer une crise obligataire généralisée, c'est à dire un dégonflement brutal de la bulle obligataire mondiale : ce scénario n'est pas à exclure. On privilégierai alors le monétaire. Ce n'est pas le scénario le plus probable : le scénario le plus probable est celui qui corrèle avec l'actualité, à savoir que l'aversion au "risque zone Euro" favorise les bons d'état Américains. Le spread 10Y-2Y qui se réduit témoigne de cette aversion au risque croissante. C'est ce scénario qui semble aujourd'hui le plus naturel, mais la question du timing est elle aussi essentielle. Peut-être que la hausse des taux longs américains peut se poursuivre avant qu'il n'y ait de crise réellement sérieuse en Europe.

En complément du risque Européen, on peut s'interroger sur la propagation de la crise Turque aux autres pays émergents. on ne sait pas combien de pays seront touchés par cette crise et surtout si la Chine sera impactée à son tour. On approche de supports importants à la fois sur les actions Chinoises et le Yuan.



On note que la situation se stabilise maintenant depuis 6 mois environ sur les bons du trésor Américains : on ne peut pas savoir à la place du marché la direction qu'il va prendre : on regardera donc attentivement l'oblique support des bons du trésor Américains. Si cassure il y a, elle sera franche et constituera un événement majeur. De la même manière, on peut assister à un retournement de tendance sur les taux longs US pour aller tester les niveaux de 2016.

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